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Sans titre

"Je crois que c'était un samedi. Je n'en suis pas sûre.


Oui, je crois que c'était un samedi lorsqu'il est parti.

Je ne sais plus très bien quel jour car il faisait nuit.


Il a glissé.

Oui, il a glissé, il n'a pas fait de bruit, comme on quitte le lit sans faire bouger le drap.

Il a glissé de moi comme on entre dans l'eau, eau salée aux courants chauds et froids. Un peu comme une sirène. Ou bien comme une musique qui meurt dans son silence.


Je le vois maintenant, tout là-bas, petit radeau de bois, balloté par les vagues du coeur de la marée.

Il dérive au loin, porté par le courant, de plus en plus petit.


Je n'ai rien fait pour le retenir.

Je me suis contenté de seulement l'accueillir et de dire les mots qui l'aideraient à partir.


Il ne reviendra pas.

En tous cas, c'est certain, jamais dans cet endroit, cet envers du décors, où les corps parlent une langue, rare, que je nomme abandon.


Il ne reviendra pas car je n'existe pas.

Pas plus que cette île.

Pas plus que la douceur de l'aile que l'ange a fait tomber.

Ni aucun Vendredi.

Pas plus que le rêve quand on est réveillé.


C'était peut-être mardi, je ne sais pas quel jour, puisque c'était la nuit. J'ai vu seulement sa barque, dans les ombres, coincée sur le rivage, lui, les yeux rivés vers d'autres paysages.


Alors je l'ai aidé.

Et j'ai poussé la barque, de mes bras, de mes reins, et je le vois voguer, de plus en plus petit, dans les reflets d'argents, là-bas vers l'horizon, mirages de liberté.


Un oiseau a chanté.

Le jour, sur la ville, n'allait maintenant plus tarder à se lever."


Paroles d'aube - Fin.

8 avril 2005

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