La Manonfacture
éditi@ns et autres créations
Janvier 2015
Grande "saga" du XXème siècle, rétrospective dans le désordre d'un siècle charnière et dense pour l'Europe, ce texte mélange des faits improbablement réalistes et quelques inventions crédibles.
Quand Laurent Vercelletto, metteur en scène, m'a proposé de créer des pantins pour le spectacle, il s'agissait de personnifier les "fantômes", les "traces", les "mémoires" de ce XXème siècle comme autant de témoins d'une histoire parfois encore actuelle.
Nous avons été tout de suite d'accord pour leur donner le visage de peintures, honorant ainsi le siècle des nouveaux courants de la peinture, et c'est la raison pour laquelle je les ai baptisé "les Peintins"
Je me suis bien sûr dirigé vers mes attirances personnelles : Chaïm Soutine, Modigliani, et surtout Van Dongen.
J'aurais pu continuer ainsi et aurai adoré faire naître des pantins plus contemporains aussi, mais les limites budgétaires nous ont limité à :
- 1 famille de pantins "plats", pendus dans des housses constituant le décor du spectacle : Homme (Soutine), Femme (Van Dongen), Enfant (Modigliani)
- 1 couple grandeur nature : 1 homme et 1 femme (Chaïm Soutine)
et j'ai rajouté un soldat cul-de-jatte (ou coincé dans une tranchée) d'aucune inspiration connue représentant pour moi l'ensemble des artistes (et des soldats... ) anonymes.
J'ai ensuite réalisé les housses, écrins, tombes (?) de ce grand mémorial invisible des mémoires du siècle dernier en m'attachant à créer des silhouettes suffisamment lisibles pour que tout le siècle soit représenté : de la robe 1900 à la silhouhette de baba-cool, en passant par le soldat de la 1ère guerre mondiale ou la midinette des année 80.
Et au final, ça donne ça :
Quelques postiches cheveux et visage, un peu de maquillage... sur les fantômes qui parlent...
Le spectacle de Laurent Vercelletto, LucaThéâtre se situe entre l’oratorio et le cabaret politique, avec omniprésence de la musique électronique et alternance de chansons et séquences vidéos.
Il s’agit non pas d’une narration, mais d’un collage, d’une vision impressionniste du siècle.
On y côtoiera Salvador Dali, le Général De Gaulle, Louis Aragon, le Maréchal Pétain, des habitants de Vaulx en Velin… . On y parlera de la poupée Barbie, de l’eugénisme, de l’invention du soutien-gorge et des camps de concentration, du génocide arménien …
Europeana. Une brève histoire du xxe siècle (Europeana. Stručné dějiny dvacátého věku) est une œuvre de l'écrivain tchèque Patrik Ouředník, parue en 2001 à Prague, cet « essai », peu ou prou inclassable, a été traduit dans le monde entier.
Le livre n’est ni un roman, ni une réflexion articulée sur le xxe siècle : tout se passe comme si le narrateur avait assimilé la culture européenne et les discussions sur cette culture, et en particulier les théories sur les races, sur les langues, sur le progrès et le scientisme, sur l’humanisme, sur l’universalisme et les particularismes, et qu’il la restituait dans une synthèse qui soude les événements les plus divers du xxe siècle, ses catastrophes et l’expérience quotidienne des hommes.
"...Comment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnées
Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit
Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s'efface
Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri"...
Louis Aragon