Première étape d'une recherche sur un masque suffisamment fin pour laisser transparaître les micro-mouvements du visage.
Mon souhait est de pouvoir permettre aux comédiens de changer de personnages ou de "maquilages" à vue sur scène.
Cela nécessite une maîtrise parfaite de la prise d'emprunte ou de la sculpture du visage du comédien, associé à un travail de facture de masque avec le matériau le plus fin possible, tout en en conservant la forme.
Cette "technique" me servira de base pour la réalisation du projet "TaPleaux : Les tableaux de peau"
Jocaste... Mère et femme d’œdipe
"LE MESSAGER. - Un mot suffit, aussi court à dire qu'à entendre : notre noble Jocaste est morte.
LE CORYPHÉE. - La malheureuse ! Et qui causa sa mort ?
LE MESSAGER. - Elle-même. Mais le plus douloureux de tout cela t'échappe : le spectacle du moins t'en aura été épargné. Malgré tout, dans la mesure où le permettra ma mémoire, tu vas savoir ce qu'a souffert l'infortunée. A peine a-t-elle franchi le vestibule que, furieuse, elle court vers le lit nuptial, en s'arrachant à deux mains les cheveux. Elle entre et violemment ferme la porte derrière elle. Elle appelle alors Laïos, déjà mort depuis tant d'années ; elle évoque «les enfants que jadis il lui donna et par qui il périt lui-même, pour laisser la mère à son tour donner à ses propres fils une sinistre descendance». Elle gémit sur la couche «où, misérable, elle enfanta un époux de son époux et des enfants de ses enfants» ! comment elle périt ensuite, je l'ignore, car à ce moment Œdipe, hurlant, tombe au milieu de nous, nous empêchant d'assister à sa fin : nous ne pouvons plus regarder que lui. Il fait le tour de notre groupe ; il va, il vient, nous suppliant de lui fournir une arme, nous demandant où il pourra trouver « l'épouse qui n'est pas son épouse, mais qui fut un champ maternel à la fois pour lui et pour ses enfants». Sur quoi un dieu sans doute dirige sa fureur, car ce n'est certes aucun de ceux qui l'entouraient avec moi.
Subitement, il poussa un cri terrible et, comme mené par un guide, le voilà qui se précipite sur les deux vantaux de la porte, fait fléchir le verrou qui saute de la gâche, se rue enfin au milieu de la pièce...
La femme est pendue ! Elle est là, devant nous, étranglée par le nœud qui se balance au toit... Le malheureux à ce spectacle pousse un gémissement affreux. Il détache la corde qui pend, et le pauvre corps tombe à terre..."
Une scène de Œdipe Roi, tragédie de Sophocle (-400 avant notre ère chrétienne)
Pour la recherche, le perfectionnisme...
Pour les masques... Masques jeux sociaux et sociétaux...
Qui sommes-nous derrière nos masques ?