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Les sans ciel

La lumière du poète, le regard amoureux, l'éclairage du fou, l'oeil de l'analyste, le point de vu du voisin... Chacun de ses regards me semble essentiel et je ne peux me passer d'aucun. Une caresse sur la joue, un baiser dans la nuque, une visite aux anciens, une larme dans le lointain, un sourire de clown, un acteur en coulisses, les rêves les plus fous, la feuille dans le grand vent, le rayon du soleil, la pluie qui rebondit dans la flaque du parking, nos odeur au matin, le rire de l'enfant, comme ses premiers pas, l'horizon, le détail, le tout petit recoin. Le grand arbre et la mousse, la plus petite abeille... Nos mémoires, nos absences, l'espoir de demain, quelque fois la terre ferme, un abri, le possible d'un répit...

Avec quelle prétention, avec quelle sorte de mépris peut-on donc déclarer ici un ordre de grandeur, et des priorités ? Une classification de ce qui serait... "Essentiel" ? Dans quelle sorte d'illusions devons-nous donc lutter ? Croire encore que d'un coup de couteau, on pourrait séparer l'ombre et la lumière ? Et qu'une chaise n'est une chaise que posée sur ses pieds ? Et devoir justifier, par les chiffres et le grand Capital, que l'artiste a sa place s'il ramène du profit ? Que l'autre est un danger ? Et qu'il n'y aurait de place qu'à l'intérieur du rang ? Qu'il n'y ait de vérité que dans un métro bondé ? Qu'il n'y ait de vie que les jours ouvrables, dans les horaires légaux ? Qu'il n'y ait de bonheur que dans le marché du commerce du "bien-être"?

Et les aborigènes seraient des primitifs ? Et les amérindiens de sauvages imbéciles ? Et les moines tibétains des prospects pour perruques ? Le griot sous l'arbre le plus fou du village ? Le chaman un pantin ?

Quel sorte de monde avons-nous donc créé pour croire encore, qu'il y ait quelqu'intérêt à nous croire divisés ? A nous croire séparés ? A être si loin de nous qu'on oublie simplement le primaire du primaire : la confiance (peut-être confiance en nous ?) le projet (peut-être l'espoir ?) et que nous n'en restons pas moins que de simples mammifères... Empêtrés dans nos peurs, dans nos doutes, croyances, chimères, illusions absurdes qui, au fil des jours s'épaississent, se durcissent, s'affolent et se disputent... Comment envisager encore qu'un être puisse être meilleur qu'un autre ? Qu'il y en ait à soutenir, d'autres à moins protéger ? Qu'il y en ait, dignes d'écoute, d'autre qui devraient se taire ? Que certains sont dangereux, et beaucoup d'autres à plaindre. Comment supporter qu'il en reste au chaud et d'autres frigorifiés ? Est-ce que le seul nerf de cette guerre sera seulement l'argent ?


Tu m'es essentiel.

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