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Une petite fête

Je suis débordée.

Débordée de bonnes idées.

On dirait la guitare de Django, que même avec un doigt en moins, il y a des notes en plus.


C'est sûr, le premier confinement à fait naître une femme nouvelle, je n'ose imaginer ce que le deuxième va produire...

Ce sera la surprise, mais pour l'instant, c'est tellement easy, finger in the nose (et même deux finger in the nose, si c'est mieux pour le Président) que je me demande ce que je pourrais bien faire pour rendre l'exercice plus... Challengeant. (On veut du Challenge, pas vrai Monsieur le Président ? On veut de l'Union fait la force et c'est pour ça qu'on nous isole ? On veut du Tigre : je suis ton homme.)


Alors aux armes, les désarmés !

Aux larmes l'avarice, "bois-en mieux et va-t'en bien",

depuis que je n'ai rien à faire et que je ne vois personne... Je suis débordée.


J'ai eu une super idée.


Je vais m'organiser une petite fête.


Si je m'y prends bien, que je ne nettoie rien, que je laisse tout en plan, que je m'ouvre une petite bouteille par jour, quelques bières de temps en temps - tiens ! et si je me faisais un énorme gratin ?

LE fameux gratin ? Et puis... avec... Tiens ! Des côtes de porc aux baies rouges ! Avec plein de bons fromage et un sublime pâté aux poires. Avec du chocolat fondu. Et des dentelles de carambar.

Oui, très bien.

Oh oui, je vais me faire une belle fête.

Un petit peu tous les jours.


Le tout, c'est de ne pas faire la vaisselle, ne pas balayer, rien. Ne rien porter à la poubelle.


Tout laisser en plan.


Oh ça, c'est vraiment une bonne idée : dans 7 jours, on aura été sept à table ! J'aurai une vaisselle de malade, un ménage de dingue pour remettre un peu d'ordre dans tout ça, ce sera un pur Dimanche comme on les aime : papa qui nettoie la voiture et maman qui passe l'aspirateur. Non ! J'ai mieux : quinze ados qui se sont incrustés pour le week-end.


Alors là, je vais me faire une sacrée blague, ah ça oui.


Parce que je me rappelle très très bien qu'autrefois, il y a de cela combien... Des lustres...

- C'est combien "Un lustre" ? Une année lumière ?

- Pourquoi "une année lumière" ?

- Ben parce que "lustre" !

- Ah ! Non ! Alors "Lustre", dans l'expression "Des lustres", ne fait aucunement référence à un lampadaire, ou à une quelconque sorte de "Lumière", et encore moins au "Siècle des lumières" dont nous sommes les si fiers descendants (c'est vrai d'ailleurs que depuis, nous n'avons pas beaucoup "ascender", il faut bien l'avouer...) Bref ! Dans la Rome Antique ...

- Tu veux dire dans la Romantique ?

- Non. Dans la Rome Antique,les grecques, tout ça, un "lustre", (ou lustration) est le nom de la cérémonie de purification précédent les recensements, et qui avaient lieu tous les cinq ans, lors de l'élection des censeurs.

- ...

- Des quoi ?

- Des censeurs.

- Pourquoi tu fais cette tête ?

- Tu t'entends ?

- Ben quoi ?

- Tu veux dire qu'un lustre, c'est un quinquennat ?

- Absolument

- Tu peux arrêter avec tes "Absolument" ?

- euh... ça va être difficile, mais je peux essayer si ça te rend le confinement plus agréable.

- Merci, oui, je veux bien.

- ...

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- En fait, j'aimerais que tu m'acceptes comme je suis. ça veut dire : AVEC mes "Absolument".

- Pas de soucis... Je les trouve un peu... Autoritaires, un peu... "Haut du nez" et je te préfère plus souple, plus tendre, plus... Moins...

- Justement. J'aimerais bien que tu m'aimes comme je suis. Plus ou moins... Plus ET Moins, relativement excessive de temps en temps souvent, bien que très modérément modérée, finalement... Mais absolument telle que je suis : un être évolutif.

- Absolument.

- Ah ! Tu vois !

- Quoi ?

- Toi aussi, tu dis "Absolument" !

- Absolument. Enfin... Plus ou moins !

- ...

- Quoi ?

- Non, rien.

- Tu veux bien ne pas changer de sujet et arrêter de me couper la parole ?

- Je ne te coupe pas la parole : je rebondis.

- Non, tu me censures.

- Bon, là, toi tu m'emmerdes. Accord toltèque n°1 : parler vrai.

- Ok.

-...

- Ok ?

- Ok.

- Top là - give a five ?

- Top là - give a five.

- Bon. Et alors, du coup, le Quinquennat de quand on est romantique et qu'on élit les censeurs tous les cinq ans, alors ?

- Et bien il dure un seul lustre, en fait.

- Ah.

- Donc c'est bientôt fini ?

- En principe, oui.


Tu te rappelles, autrefois il ya des lustres... On s'en est fait des belles soirées...

- Il y avait aussi les belles journées, mais c'est vrai... Tellement de belles soirées...

- Celles au petit bonheur des terrasses et de retrouver les amis pour aller trinquer...

- Ben là, on trinque pas mal, aussi, non ?

- Oui, c'est un autre "trinquer", mais c'est sûr, on trinque...

- Tu sais que "Trinquer" ça vient de "Trinken", en Allemand ?

- Oui. Je veux bien que tu arrêtes de disgresser, s'il te plait.

- Digresser.

- ...

- C'est Di-gresser. Pas Disgresser.

- Ah ? Bon, d'accord.

- Bref, là où je voulais en venir c'est qu'une belle soirée, ça peut se voir à la taille de la vaisselle le lendemain matin et au nombre de bouteilles que tu vas aller te coltiner à bout de bras jusqu'au tri un jour prochain. Eh bien en prenant ton temps, et en t'organisant bien, (et surtout en laissant tout tel quel, jour après jour, en principe, la semaine prochaine, tu devrais pouvoir te recréer la joie d'un lendemain de bringue avec une maison complètement à l'envers.

- Pas con.

- C'est pas une jolie petite fugue de derrière les fagots, celle-là ?

- Ah si ! Bien ! Très très bien !

- Oh... Rappelles-toi ces soirées où on allait danser le tango sous la pleine lune rousse... S'approcher... S'enlacer... S'embrasser... Se prendre dans les bras, comme si on s'aimait pour en vrai...

- Oh oui ! Et il y avait les soirées où si ça se trouve on allait tomber amoureux...

- Et puis celles où quand on étaient amoureux, on regardait The Voice tout au chaud du creux des bras...

- Oh oui. C'est vrai... Quand on est amoureux, on peut même être heureux de regarder The Voice, des fois...

- Tu crois ?

- Oh oui, j'en suis sûre ! Et on mangerait un artichaut avec un peu de crème ?

- Ben non ! Pas avec de la crème !

- Oh si... Avec de la crème fraiche épaisse du marché du fromager avec qui on se serait engrêlé...

- Tu t'engueules avec les fromagers ?

- Non.

- Ah oui, c'est vrai...

- Et puis toi tu t'endormirais, comme ça, avant la fin du générique ?

- Oh oui... ça c'est sûr que ça manque, des fois, d'être amoureux...

- Pis il y avait les soirées de quand on rentrait tout seul...

- Oui... On était un peu triste, un peu déçue, non, des fois ?

- Ah oui ? Non, je ne me rappelle pas, ça. Par contre, il y avait aussi les soirées à savourer d'être tout seul, aussi !!!

- Oh oui... Quel bonheur... Prendre un bouquin... Se poser dans le silence... A son rythme... Grignoter un bout de fromage sur le coin de la table... Zoner sur Facebook... Mettre Piaf à fond parce que ça te chante... Ah oui, ce que c'était bien, aussi, les soirées à passer toute seule...

- Et te faire couler un bain en te prenant pour Barbara ! Tu te rappelles ?

- Ah oui je reconnais que c'était bien... Quand on avait le choix...

- Oui, finalement, quand tu as le choix, ça va...

- C'est peut-être ça, la clé.

- La clé de quoi ?

- La clé des champs : "Le bonheur est dans le pré, cours-y vite ! Cours-y vite ! le bonheur est dans le pré, cours-y vite il va filer !"

- Le bonheur serait d'être célibataire ?

- Mais non ! Qu'est-ce que tu es con, des fois... Le bonheur c'est d'être dans ton choix. Si tu es heureux de la contrainte, ce n'est déjà plus une contrainte. Et du coup, c'est horrible : tu vas bien...

- Redis ?

- Si tu acceptes la contrainte, ce n'est plus une contrainte. C'est un choix.

- Ah, tu veux dire que tu retournes la situation ?

- Absolument.

- Bon et là ?

- Ben là, c'est dimanche.

- Tiens, tu comptes pas les numéros des jours, cette fois ?

- Non. Je m'en fous complètement, des numéros des jours. Car tous les jours est un jour nouveau.









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