Journal de Guerre - Jour 19-2
Au jour 19 de l'année 20, je n'avais vraiment plus du tout envie d'écrire.
Je vivais cette situation de confinement comme d'une grande cruauté.
Etre séparés des siens, du jour au lendemain, privé de son travail et de tout lien social en un tour de main, s'adapter, tout stopper sans s'être organisé, sans avoir pu ne serait-ce qu'un peu y penser... Penser à demain sans pouvoir comprendre rien de ce que sera demain. Tout cela dans un chaos, sans qu'aucun ne nous ne puisse trouver de recul, de trouver de repos. A part peut-être certains qui faisaient du déni ou avaient depuis bien longtemps compris que ça ne servait à rien. Ces derniers sifflotaient en binant leurs patates, s'extasiant sur une fleur, et moi, de mon côté, je rêvais un peu de leur ressembler.
Au jour 19, (seulement 19 !) Je vivais tout cela comme une hystérie collective dans laquelle chacun avait son mot à dire, sa vérité vraie, un grand café du commerce où ça parle fort, où le blanc est fameux et les dimanches sociaux.
Au jour 19, je savais que le confinement aurait une fin, et que c'était même une question de jours, mais que ce serait bien toujours, sûrement encore longtemps, la guerre, une fois sortis.
Je ne suis pas certaine que ce soit le confinement qui m'était dur à vivre, mais bien cette question de guerre qui me taraudait et me faisait mal, un mal à l'intérieur, un mal confus, abstrait, mais un mal profond.
Aussi, j'allais voir ce qui se pouvait bien se décider ailleurs.
En Allemagne, on comptait sur le bon sens des responsabilités de la Nation et nos disciplinés voisins se devaient de se confiner d'eux-même car Angela Merkel pensait que ces concitoyens étaient, depuis la dernière guerre, devenus responsables.
En Belgique, on risquait une amende de 26 à 500 euros, voire une emprisonnement de huit jours à trois mois.
En France, l'amende pour non respect de confinement, était de 135 euros. 200 à 450 immédiatement, en cas de récidive.
Au Luxembourg : 145 euros.
En Italie : 206 euros d’amende et trois mois de prison
Espagne : 100€ à 600.000€, et à des peines de prison de 3 mois à un an.
Norvège : amende de 1250 euros ou 10 jours de prison pour un séjour en résidence secondaire
Autriche : 2000€ d’amende en cas de non-respect du couvre-feu
Bulgarie 5000 et 25.000 euros d’amende et cinq ans de privation de liberté.
Russi : 1033 euros"à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans"si la violation des règles sanitaires a entraîné la mort d’une personne.
En Inde, c'était la prison.
Aux Philippines, les contrevenants se verraient abattus.
Et aux Etats-Unis ?
La Maison Blanche estimait que la maladie pourrait faire entre 100 000 et 240 000 morts si les restrictions actuelles étaient respectées, contre 1,5 à 2,2 millions sans aucune mesure.
A ce jour, le Président Trump restait au stade des recommandations, aucunes mesures n'étant envisagée.
Au bout du compte, moi qui me plaignais, j'étais tout compte fait bien loin d'être mal lotie par le hasard du lieu de ma naissance.
Je me demandais toutefois pourquoi j'avais quitté l'Allemagne où j'avais mis au monde, jour pour jour aujourd'hui la plus belle des belles, mon trésor parfait, il y a 26 ans.
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