Journal de guerre - Jour 13
Au matin du 13ème jour on est peut-être mardredi ou peut-être samedanche. Il est -t-heure à ma montre et je n'ai que t-ouit ans.
Je suis sur les épaules d'un type avec une barbe qui chante. Je suis avec ma mère sur une place d'une ville avec quarante chevaux.
La barbe chante en anglais.
"We don't no education,
We don't need no thought control
No dark sarcasm in the classroom
Teachers, leave them kids alone
Hey, teachers, leave those kids alone"
Mais les murs sont épais.
Et le silence est dense.
Ils sont blancs.
Comme recouverts de craie.
Au matin du 13ème jour on est peut-être lundredi.
Ou peut-être jeudanche ?
Il est -t-heure à ma montre.
Et j'ai déjà t-uit ans.
Mon fils est un cow-boy, un jeune guerrier sioux.
Fier, têtu comme une pioche, le coeur blindé, complètement cadenassé pour mieux se protéger.
Combien faut-t-il de clés pour qu'il m'y fasse une place ?
"Hey, teachers, leave those kids alone"
Mais les murs sont épais.
Et le silence est dense.
Ils sont blancs.
Comme recouverts de craie.
Au matin du 13ème jour on est peut-être mercranche.
Peut-être seulement jeudri.
Il est -t-heure à ma montre.
Et je n'ai que t-uit ans.
Mon petit, mon chéri, veut partir à la guerre.
S'engager dans l'armée.
Les paras, les soldats...
Et réparer des tanks.
Et risquer d'abîmer ses doigts longs et fins, ses longs doigts de Satie, ses longs doigts de Chopin, arrêter de créer ses propres mélodies.
Les murs sont si épais.
Et le silence si dense.
Ils sont noirs, il sont gris
Comme recouverts de suie.
"Hey, teacher ! Leave those kids alone..."
D'où peut bien me venir cette si dense fatigue ?
Et ces larmes qui coulent sans que je n'en vois la fin ?
Cette raideur dans la nuque, ce poids au creux des reins ?
Mes os qui grelottent, qui craquent et s'entrechoquent ?
Cet étau sur mes tempes ?
Cette enclume sur mes seins ?
Ce gel qui me transperce
et je n'ai pas de fièvre.
Au matin du 13ème jour, on est la fin du mois.
Et je dois m'actualiser auprès du Pôle-Emploi.
Aujourd'hui, c'est le d-end.
Je reprends mes esprits.
Je ne suis pas certaine qu"I wish you were here".
"qu'un seul être vous manque et que tout soit dépeuplé"
Je ne suis sûre de rien.
Ni même d'espérer une "somatite" aigüe,
ni même de vouloir croire à un autre demain.
Les murs sont épais
Et le silence est dense.
C'est peut-être comme ça que peut sortir de moi ma propre poésie. Ma chanson, mon refrain, ma musique. Ces mots qui dansent en moi. Ces pensées. Ces idées. Et ma sincérité, mes folles vérités.
Je viens me prendre la main,
Je retourne me coucher.
Je n'avais ni quitté ni ma couette, ni mon lit.
C'est ici, allongée, que je suis et me sens en parfaite sécurité.
Je n'ai besoin de rien.
Juste de m'écouter.
Alors...
"Je resterai ici.
Je ne partirai pas.
Même si je sais par coeur qu'il fait toujours meilleur ailleurs. Mais je resterai là.
Pour la couleur du ciel,
de ces jours de grands vents
qui n'en finissent pas"
Avec mon ami,
et les mots parfaits
de mon cher
et précieux ami
Gabriel Yacoub.
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